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Les dockers italiens bloquent un navire saoudien transportant des armes vers Israël

Rapport de Manal El-Sherbini :

 

Les dockers du port italien de Gênes ont arrêté le navire saoudien Bahri Yanbu, en provenance de Baltimore et chargé, selon des rapports, d’armes fabriquées en Italie par la société Leonardo et à destination d’Israël, lors d’un blocus spectaculaire que les syndicats ont qualifié de position contre les « crimes de guerre » à Gaza (WSWS, 2025). Environ 40 travailleurs sont montés à bord du navire avant l’aube, poussant les autorités portuaires à retirer l’autorisation d’amarrage et à promettre la création d’un « observatoire permanent sur la contrebande d’armes » (YemenEco, 2025). Des militants ont affirmé que le navire était reparti « les mains vides » après l’annulation de sa cargaison militaire, considéré comme une victoire symbolique pour le mouvement ouvrier et populaire anti-guerre (Laamedia, 2025).

WSWS – Marc Wells

Traduction : Dr. Hany Khater

Le 7 août, les dockers de la ville de Gênes ont lancé un blocus ferme contre le passage du navire saoudien Bahri Yanbu, défiant directement le rôle de l’Italie dans l’armement d’Israël et de ses alliés impérialistes.
Le navire, en provenance de Baltimore (Maryland, États-Unis), devait charger du matériel militaire produit par le complexe militaro-industriel italien Leonardo, notamment un canon Oto Melara destiné à Abou Dhabi, et peut-être des chars ou d’autres armes lourdes prêtes sur le quai.

Refusant de devenir complices du génocide à Gaza, les travailleurs ont empêché le chargement du canon et révélé le contenu du navire — déjà rempli d’armes, de munitions, d’explosifs, de véhicules blindés et de chars — grâce à des inspections sur place à l’aube.
Malgré les tentatives de les empêcher d’accéder à bord, environ 40 travailleurs sont montés sur le navire pour documenter la cargaison. Leur défi a forcé les autorités portuaires à passer en mode « gestion de crise », avec de vagues promesses de discuter en septembre de la création d’un « observatoire permanent du commerce des armes ».

Les dockers ont affirmé clairement leur position : « Nous ne travaillons pas pour la guerre ». En 2019, ils avaient déjà empêché un chargement similaire pour la même société saoudienne, après avoir découvert que la cargaison déclarée comme civile était en réalité militaire. Cette action avait obtenu la promesse de cesser ces chargements, mais aucun embargo sur leur passage n’avait été imposé, permettant la poursuite du flux d’armes.

L’action de cette semaine a attiré l’intervention des grandes confédérations syndicales — CGIL, CISL et UIL — ainsi que des syndicats de base USB (Union Syndicale de Base) et CALP (Collectif Autonome des Travailleurs Portuaires). Ils ont été rejoints par des groupes pacifistes et l’Église de Gênes, dont l’implication depuis 2021 bénéficie du soutien explicite du pape François.
Les grandes confédérations ont annoncé l’interdiction de charger des armes destinées aux zones de guerre « par tous les moyens », mais leur rôle réel a été de limiter la protestation au cadre légal, en se basant sur la loi italienne 185/90 qui est censée interdire l’exportation d’armes vers les pays en conflit.

De son côté, l’USB avait déjà déposé une plainte officielle, s’appuyant sur la Constitution italienne qui rejette la guerre, dans sa déclaration « Le travail refuse la guerre ». Le dirigeant du CALP, José Nivoi, a déclaré clairement que manipuler ces cargaisons rendait les travailleurs complices des crimes de guerre et du génocide à Gaza.

Le 8 août, CALP et USB ont organisé une autre manifestation au pont d’Éthiopie, perturbant la circulation dans la zone portuaire. Les syndicats ont annoncé que la mobilisation se poursuivrait jusqu’en septembre, pour culminer avec une assemblée internationale des dockers visant à coordonner l’opposition à la transformation de Gênes en centre logistique de guerre.

Ce blocus survient après un événement important fin juillet, lorsque les dockers de Gênes ont empêché le déchargement d’une cargaison militaire destinée à Israël après avoir été informés par les syndicats grecs PAME et ENEDEP. Cette cargaison — de l’acier de qualité militaire — avait déjà été interceptée au port du Pirée par les dockers grecs, puis redirigée vers Gênes à bord du navire chinois COSCO Shipping Pisces. L’USB a immédiatement refusé de traiter la cargaison et a menacé de grève, obligeant les opérateurs à renvoyer les conteneurs vers l’Extrême-Orient.

Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une solidarité internationale déjà existante. Le 20 octobre 2024, les dockers du Pirée avaient empêché le chargement de 21 tonnes de munitions destinées à Israël après un appel urgent des syndicats palestiniens demandant aux travailleurs du monde entier de refuser tout rôle dans la chaîne d’approvisionnement militaire israélienne. Des refus similaires se sont produits à Barcelone, dans des centres logistiques belges et au port français de Marseille, où les dockers de la CGT ont empêché des expéditions d’armes en juin.

La coordination méditerranéenne entre PAME, ENEDEP, USB et les dockers français démontre que les travailleurs ont la capacité de frapper directement les artères logistiques de la guerre impérialiste. Mais ces actions restent sous le contrôle des bureaucraties syndicales.
Alors que PAME a déclaré que les travailleurs « ne deviendront pas complices » d’Israël et de ses alliés, sa perspective — comme celle de l’USB et de Si Cobas — reste limitée au cadre national et légal de l’État capitaliste, cherchant à « politiser la grève » tout en conservant son rôle de défenseur de l’ordre établi, plutôt que de mobiliser la classe ouvrière comme force révolutionnaire indépendante.

L’intervention des grandes confédérations, de l’Église et des autorités juridiques à Gênes vise à empêcher l’élargissement du conflit et à contenir l’action de la base dans des limites sûres. En présentant le blocus comme une question de conformité légale — qu’il s’agisse de la loi 185/90 ou des articles de la Constitution — ils canalisent la colère des travailleurs vers des appels à l’État capitaliste lui-même, qui organise et profite du commerce des armes.

Leonardo, premier fabricant d’armes en Italie, continue d’exporter vers des régimes du monde entier avec l’aval des gouvernements, quelle que soit leur orientation politique. Le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni n’a aucune intention de mettre fin au commerce lucratif avec Israël, l’Arabie saoudite ou les Émirats. Les déclarations du ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani affirmant que toutes les expéditions d’armes vers Israël ont cessé sont de purs mensonges, démentis par les récents événements.

La véritable politique de Rome est d’accélérer la militarisation et de réprimer l’opposition. En septembre dernier, le parlement a adopté la soi-disant « loi anti-Gandhi », criminalisant les blocages routiers et ferroviaires avec des peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison, après un décret sécuritaire en juin qui a élargi les pouvoirs de la police, prolongé les peines de prison et ciblé les méthodes de protestation. Ces mesures visent directement la classe ouvrière pour garantir l’écrasement des mobilisations anti-guerre comme le blocus de Gênes sous prétexte d’ordre public.

La position de l’Italie dans la marche vers la guerre mondiale est centrale. En tant que membre de l’OTAN et pilier de l’Union européenne, elle s’est engagée à soutenir Washington contre la Russie et la Chine, tout en maintenant des liens étroits avec Israël et les pays du Golfe.
Meloni se présente comme la défenseuse de « l’intérêt national » et du « patriotisme pro-occidental », en accord avec l’exigence de Trump d’augmenter les dépenses militaires européennes. Dans le cadre du plan EU SAFE, son gouvernement obtient 14 milliards d’euros de prêts à faible intérêt pour moderniser les forces armées italiennes, un énorme bénéfice pour les géants de l’industrie de défense comme Leonardo et Fincantieri.

Cette militarisation est intégrée dans la vie civile à travers la doctrine du « double usage », qui classe des infrastructures comme le port de Gênes à la fois comme installations civiles et militaires. Cette intégration place les dockers dans la position de traiter des cargaisons de guerre dans le cadre de leurs tâches ordinaires, au milieu de salaires stagnants, de la dégradation de la sécurité et du risque constant de représailles en cas de résistance. Ainsi, le blocus de Gênes n’est pas seulement un acte de solidarité avec Gaza, mais un refus direct de la transformation militaire de l’économie italienne.

Cependant, le plus grand danger auquel sont confrontés les travailleurs reste le rôle de la bureaucratie syndicale elle-même. À de nombreuses reprises, les travailleurs ont montré leur volonté d’agir — en bloquant des navires, en refusant de charger des armes et en coordonnant leurs actions au-delà des frontières.
Mais sous la direction de la CGIL, de la CISL, de l’UIL, de l’USB, de Si Cobas et autres, cette lutte est soumise à des appels à l’État capitaliste et à ses lois. La stratégie des syndicats est de contenir l’élan combatif, d’empêcher l’organisation indépendante de la base et de maintenir les actions dispersées plutôt que de les intégrer dans une stratégie révolutionnaire.

Les connexions internationales qui ont permis la victoire de juillet contre le navire COSCO Shipping Pisces montrent ce qui est possible lorsque les travailleurs agissent en coordination transfrontalière. Mais pour réaliser ce potentiel, les travailleurs doivent se libérer de l’emprise des bureaucraties qui défendent finalement l’ordre existant.
De véritables comités de base, contrôlés démocratiquement par les travailleurs, doivent être formés dans chaque port, entrepôt et centre de transport. L’Alliance internationale des comités de base ouvriers (IWA-RFC) travaille à relier ces luttes à l’échelle internationale, non seulement pour échanger des informations, mais pour préparer des actions coordonnées visant à arrêter la machine de guerre impérialiste à sa source.

La position des dockers de Gênes résonne bien au-delà des frontières de l’Italie. Elle montre que la classe ouvrière, qui produit toute la richesse et occupe une position stratégique dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, détient un immense pouvoir pour perturber les plans de la classe dirigeante. Mais ce pouvoir, non utilisé — ou utilisé seulement dans les limites imposées par le système et ses appareils syndicaux — sera gaspillé.
Le choix pour les travailleurs est clair : continuer à dépendre d’organisations attachées à la défense du capitalisme, ou construire un mouvement indépendant visant à mettre fin aux guerres à l’étranger et aux attaques sociales à l’intérieur.

La classe ouvrière a le pouvoir d’arrêter les convois d’armes, de décharger les navires de guerre et de démanteler les lignes de production de la mort. La voie à suivre exige de l’organisation, de la clarté et, surtout, une rupture politique consciente avec toutes les factions de la classe capitaliste, qu’elles soient ouvertement réactionnaires comme Meloni ou déguisées sous un faux discours de gauche comme certains responsables syndicaux.
Cela implique de se tourner vers la classe ouvrière internationale et de relier les luttes des dockers de Gênes, du Pirée, de Marseille et d’ailleurs avec celles des travailleurs du transport, de l’industrie et des services en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde. Ce mouvement, que l’Alliance internationale des comités de base ouvriers cherche à construire, doit s’inscrire dans la lutte pour le socialisme, le seul programme capable de mettre fin au système qui engendre la guerre, l’exploitation et la répression.


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هانى خاطر

Le Dr Hani Khater est titulaire d'un doctorat en tourisme et hôtellerie, ainsi que d'une licence en journalisme et communication. Il occupe actuellement le poste de président de l'Union internationale de la presse arabe et des droits de l'homme au Canada, et assure également la direction de la rédaction du site de l'Union internationale de la presse arabe ainsi que de plusieurs autres plateformes médiatiques. Le Dr Khater possède une vaste expérience dans le domaine du journalisme et des médias. Il est reconnu comme journaliste et auteur spécialisé dans la couverture des questions de corruption, des droits de l'homme et des libertés publiques. Ses travaux mettent en lumière les problématiques essentielles touchant le monde arabe, en particulier celles liées à la justice sociale et aux droits civils. Au cours de sa carrière, il a publié de nombreux articles dénonçant les violations des droits de l'homme et les atteintes aux libertés dans plusieurs pays arabes, tout en abordant les questions de corruption généralisée. Son style journalistique se distingue par son audace et sa transparence, visant à sensibiliser l'opinion publique et à contribuer à un changement positif. Le Dr Hani Khater croit fermement au rôle fondamental du journalisme en tant qu’outil de changement, le considérant comme un moyen de renforcer la pensée critique et de lutter contre la corruption, l'injustice et les abus, dans le but de construire des sociétés plus justes et équitables.

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