Lion d’Afrique 2025 : le Maroc échange le Sahara contre une alliance avec Israël… trahit la Palestine et réprime les journalistes
Par : Dr. Hany Khater

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Le mois de mai 2025 a été marqué par un événement militaire et politique sans précédent au Maroc : le lancement des manœuvres « Lion d’Afrique 2025 » avec une participation tripartite réunissant le Maroc, les États-Unis d’Amérique et l’occupation israélienne. Entre entraînements militaires conjoints et intégration des services de renseignement et de sécurité, une nouvelle alliance stratégique se dessine sous nos yeux, redéfinissant la carte des relations régionales, mais au détriment de la Palestine, des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
Les manœuvres : un paravent militaire pour une alliance politique
Les manœuvres Lion d’Afrique ont débuté le 12 mai 2025 et se poursuivent jusqu’au 23 du même mois. Elles comprennent des exercices aériens, terrestres et maritimes dans différentes régions du Maroc, notamment à Agadir, Tan-Tan, Kénitra et Ben Guerir. Ce qui distingue cette édition, c’est la participation officielle de l’armée israélienne sur le sol marocain, aux côtés des armées américaine et marocaine.
Cette participation ne relève pas d’une simple coopération militaire, mais traduit une alliance politique stratégique dans laquelle le Maroc cherche à renforcer ses liens avec les États-Unis et Israël en échange d’une reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara, amorcée concrètement par la déclaration du président américain Donald Trump à la fin de 2020.
Une trahison à part entière et la Palestine hors de l’équation
La participation israélienne à ces manœuvres, particulièrement en cette période, constitue un camouflet cinglant pour la cause palestinienne, au moment même où l’agression israélienne s’intensifie sur la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Au lieu d’adopter une position de soutien aux droits du peuple palestinien, le Maroc choisit de tendre la main à l’armée d’occupation et lui ouvre ses territoires pour des entraînements conjoints, une scène que beaucoup considèrent comme une trahison manifeste des positions historiques du Maroc ainsi que de ses valeurs nationales et religieuses.
La plus grande ironie réside peut-être dans le fait que le roi du Maroc est l’actuel président du Comité Al-Qods, un poste qu’il occupe depuis des décennies après que le leader arabe Gamal Abdel Nasser s’en soit désisté en faveur de la cause palestinienne. Malgré la symbolique de cette fonction, la réalité révèle un silence absolu et une passivité évidente du régime marocain face à la défense de Jérusalem, allant même jusqu’à participer activement à la normalisation des relations avec ceux qui l’occupent et profanent ses lieux saints.
Répression intérieure croissante : les droits de l’homme et la liberté d’expression comme autres victimes
En parallèle à cette alliance tripartite, le Maroc connaît une escalade dangereuse des violations des droits de l’homme. La liberté d’opinion et d’expression est gravement menacée, et la répression contre les voix dissidentes et les journalistes s’intensifie.
L’affaire Hany Khater : un modèle de violation de la liberté de la presse
Parmi les cas les plus marquants de cette répression figure celui du journaliste égyptien Hany Khater, qui a subi au Maroc une série de violations, notamment le vol de ses archives journalistiques, de son matériel, de son argent et de ses documents, après sa libération d’une détention de 49 mois. Il s’est également vu interdire de poursuivre son travail sans aucun fondement légal ni respect de la liberté de la presse.
Son affaire reflète la dégradation du traitement officiel réservé aux journalistes au Maroc, qu’ils soient marocains ou étrangers, dans le cadre d’une politique systématique visant à faire taire toute voix refusant de se rallier à la ligne politique, notamment en matière de normalisation, d’alliances extérieures ou de liberté de la presse et d’expression, ou encore sur toute question susceptible d’entraver cette orientation, quelles qu’en soient les conséquences.
L’affaire de Hany Khater, qui préside actuellement l’« Organisation mondiale de l’Union de la presse arabe (Canada) », n’est pas une exception, mais un exemple frappant de la réalité sombre à laquelle sont confrontés les journalistes au Maroc et du prix élevé payé par ceux qui s’en tiennent à une indépendance professionnelle et à une éthique journalistique rigoureuse.
Et ce, malgré une décision claire du Comité contre la torture des Nations Unies condamnant son arrestation arbitraire et les traitements inhumains qu’il a subis. Les autorités marocaines n’ont pris aucune mesure pour le dédommager des préjudices graves qu’il a subis, tant sur le plan professionnel que personnel, et n’ont montré aucun engagement envers leurs obligations internationales ni respecté la décision onusienne.
Ce mépris délibéré constitue non seulement une violation flagrante des engagements du Maroc au titre de la Convention contre la torture et de ses obligations internationales vis-à-vis de cette affaire, mais révèle également un mépris évident envers les mécanismes de la justice internationale et un refus implicite de toute reddition de comptes ou supervision en matière de droits humains qui contredirait les intérêts du régime ou mettrait en lumière ses pratiques répressives.
Malgré la gravité de ce que Hany Khater a subi, aucune enquête sérieuse n’a été ouverte, ni aucune justification légale fournie, en violation manifeste de la liberté d’expression et du droit à l’exercice du journalisme. Son affaire constitue aujourd’hui un témoignage alarmant de la dérive autoritaire qui menace les libertés au Maroc, en particulier lorsqu’il s’agit de voix qui ne s’alignent pas sur le discours officiel ou qui mettent en lumière des dossiers sensibles comme la normalisation et les alliances sécuritaires.
Une alliance sans honneur
Les manœuvres « Lion d’Afrique 2025 » marquent un tournant dans l’orientation politique du Maroc vers un axe américano-israélien aux ambitions militaires et géopolitiques non dissimulées. En contrepartie de ce rapprochement, la cause palestinienne est piétinée sous le poids des deals et des reconnaissances internationales, tandis que l’intérieur marocain est écrasé sous la répression des libertés et la traque des journalistes.
Le Maroc a choisi de miser sur une alliance avec l’occupation israélienne en quête de légitimité sur un territoire disputé. Mais ce faisant, il a perdu sa légitimité morale et symbolique dans la conscience des peuples arabes et musulmans, et a compromis le respect des journalistes et des voix libres, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
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